PROGRAMME ZONE DE CONTACT

Naissance du projet

L’émergence et la mise en place du programme Zone de Contact/Objets d’ailleurs découle de l’expérience précédente, le projet Zone de Contact/ Périchaux devant ! (2012-2013) (voir les pages projets). En effet, c’est lors d’un séjour culturel à Londres que les prémices de ce nouveau projet ont vu le jour. Durant ce séjour les jeunes ont eu l’occasion de rencontrer les comités de jeunes actifs dans 5 musées de Londres qui développent des actions de médiations participatives dans les musées. C’est à l’occasion d’une visite des collections africaines du British Museum que des questionnements quant à l’histoire et au parcours de ces objets ont commencés à émerger au sein du collectif de jeune. Cet intérêt exprimé pour l’histoire des objets ethnographiques a rencontré la volonté d’Alter Natives d’aller plus loin dans l’expérimentation de nouvelles pratiques participatives et inclusives dans les institutions muséales françaises.

“Zone de contact”

Ce programme s’inspire par ailleurs de la notion de « zone de contact » inventée par Marie-Louise Pratt et reprise et développée par l’anthropologue James Clifford. Cette « zone de contact » a été définit par Pratt comme : « l’espace des rencontres intercoloniales, l’espace dans lequel des personnes séparées par l’histoire et la géographie entrent en contact et nouent des relations durables, impliquant généralement des conditions de coercition, d’inégalités raciales et de conflits irréductibles. » Dans la pratique, la zone de contact se traduit ainsi par le dialogue, la collaboration et la participation directe des communautés concernées à l’interprétation et à l’exposition des objets représentant leurs cultures. 

Depuis la fin des années 1990, l’expression « zone de contact » est devenue synonyme de programmes d’expositions inclusifs et de partenariats entre conservateurs et communautés autochtones. Au Canada, aux Etats-Unis et en Europe la notion de « zone de contact » se traduit par la mise en place de programmes inclusifs et participatifs. Toutefois, ce concept et son application concrète dans les pratiques des institutions muséales et patrimoniales reste très méconnue et peu développée en France, notamment dans les Musées nationaux. Ces dernières années la muséographie des collections ethnographiques a eu tendance à privilégier une approche parfois trop esthétisante des objets au détriment de leur contextualisation (exemple du Musée du Quai Branly).

Pratiques et enjeux

Le programme  Zone de Contact/Objets d’ailleurs s’appuie ainsi sur la thématique du parcours et de l’acquisition de ces objets extra-européens par les musées européens. La démarche vise à expérimenter d’autres façons d’échanger et d’aborder cet héritage, notamment en développant une réflexion commune autour de ces objets, en s’intéressant à la documentation disponible sur ces objets, en accédant aux réserves des musées et en développant diverses formes de médiations réalisées par les jeunes, tel que la danse, la création plastique, la vidéo. A terme, l’appropriation d’un patrimoine commun a pour but de créer du lien et de favoriser la cohésion sociale. De plus, en questionnant collectivement le parcours des objets ethnographiques, l’objectif est d’éclairer les zones d’ombres de l’histoire reliant la France à ses anciennes colonies et d’aborder les relations interculturelles depuis une perspective nouvelle. Ce programme permet également aux jeunes de développer des compétences : conduite de projet culturel, captation et montage vidéo, utilisation de réseaux sociaux, réalisation.